Un condo des années 70 renaît 

La modernité réinventée

Le meilleur atout de l’entrepreneur, face à tout chantier, demeure sa faculté d’adaptation. Je vais vous le démontrer en vous faisant partager ma perspective tout au long du déroulement de divers projets de rénovations, de transformation et de construction. Dans cette édition, il sera question d’une transformation d’un condo au look daté, en un espace modernisé.

La tour Les Dauphins sur-le-parc date du début des années 70. Elle abrite à son dernier étage l’appartement que le nouveau propriétaire souhaitait rénover. Celui-ci voulait ouvrir la cuisine sur le salon pour créer un espace de vie dégagé compte tenu de la vue spectaculaire sur la ville offerte par la très large fenestration et redonner une nouvelle jeunesse aux lieux. Le cœur du projet étant un nouvel îlot il fallait dès lors supprimer la minuscule cuisine laboratoire, typique de l’époque, et ainsi enlever une masse qui cachait la vue et cloisonnait l’espace de travail. Une fois le mur séparant le salon de la cuisine abattu, nous obtenons une aire commune comprenant la nouvelle cuisine, la salle à manger et le salon sur une superficie de 21 pieds par 25 pieds. La nouvelle cuisine passait ainsi de 8 pieds par 10 pieds à 10 pieds par 20 pieds.

 

 

 

Dès le premier jour nous avons constaté que la dalle de béton formait une cuvette de près de 2,5 pouces de profondeur sur presque toute la superficie de l’espace. Il serait inapproprié de faire une nouvelle cuisine de plusieurs milliers de dollars sur un plancher concave. Le client ayant choisit une tuile de porcelaine de 24 pouces sur 24 pouces, les imperfections du plancher auraient été inacceptables.

Il a fallu, afin de bien poser le carrelage, combler cette dépression au moyen d’un mélange de sable et de ciment (sandcoat). Le mélange est une solution de trois parts de sable humide pour une part de poudre de ciment Portland. Ce mélange doit être légèrement humide mais pas mouillé, l’humidité contenue dans le sable suffisant pour activer le ciment. Il ne reste qu’à égaliser avec l’aide de règles d’aluminium ou de bois, de la grandeur de la pièce, comme dans un carré de sable. La surface se solidifie en un jour. Ces travaux, qui corrigent un important défaut, ont ajouté une valeur considérable au bâti.

La cuisine et la salle à manger, dorénavant ouvertes sur le salon, deviennent, selon le vœu du propriétaire, un vaste lieu de sociabilité qui met en valeur sa collection d’art actuel ainsi que la bibliothèque qu’il voulait intégrer à l’espace. L’îlot central de la cuisine se prolonge, côté salle à manger, par la table qui est constituée d’un panneau en verre. Cette table est modulable car on peut y ajouter, comme rallonge, un panneau de bois dont la couleur est assortie au reste, permettant d’asseoir six convives. Le mariage du contemporain (surfaces laquées et froides aux couleurs inspirées du peintre Mondrian) et du traditionnel (surfaces murales en bois de couleur ébène) reproduit les fonctions de la cuisine où se côtoient le froid et le chaud, le cru et le cuit.

Ces rénovations ont produit un cadre de vie des plus stimulants, respectueux du bâti architectural existant doté d’espaces moins cloisonnés qu’à l’origine. Le nivellement du plancher a corrigé un défaut caché de construction tout en redonnant sa valeur à l’appartement.

Ce projet est le fruit de la rencontre de deux visions celle du propriétaire, inspiré et soucieux du détail et celle de l’entrepreneur qui, confronté aux aléas de la rénovation, a permis au rêve de voir le jour. En tant qu’entrepreneur, je tire beaucoup de fierté d’avoir contribué à réaliser cet exceptionnel projet que le propriétaire avait conçu avec tant de méticulosité.

En bref

Année de construction : 1971
Type de construction : Béton
Mandat : Rénovation de l'espace salon-cuisine d'un condo datant du début des années 70.
Coût total du projet : 46 000 $ (incluant les électroménagers haut de gamme)